Voyage #6 : Italie, Allemagne, Autriche et Benelux (Mars/Juin 2009)


Prendre la voiture, rouler jusqu'à saturation (ou juste avant), jusqu'à trouver un coin qui a l'air chouette, sans savoir pour combien de temps, ni où, ni comment. L'application au pied de la lettre du "voyage libre", en quelque sorte. Nous avions quelques idées pour ce voyage en 2 parties : voir les sites du débarquement allié et le Nord de la France où nous n'avions jamais mis les pieds ("Il paraît que Lille est jolie", et ben c'est vrai !), comprendre le Benelux, capter des morceaux d'Allemagne (autre que Berlin, qui est une ville fantastique), et surtout découvrir l'Italie, jusqu'à Naples.... Et de rentrer des étoiles plein les yeux, en se disant que les 2 côtés des Alpes sont magnifiques, avec les grands lacs et les Dolomites côté italien, et la "Route allemande des Alpes", côté, euh, je vous laisse deviner. De Côme à Berchtesgaden, de Milan à Munich : le coin parfait, nous l'avons trouvé.

L'ITALIE
Le plus grand trésor de l'Italie : son histoire. Il est impossible de ne pas s'en passionner, tant elle est omniprésente, bien mise en valeur, et tant elle s'intègre au monde moderne de la plus belle des manières. Le patrimoine antique, qu'il soit grec, romain ou étrusque, et même en n'étant que sous formes de ruines éparses, est capable, à son paroxysme (le Colisée, le forum romain, Pompéi, Paestum...), de nous propulser dans une autre dimension.

Rome n'est pas une capitale énergique comme Londres ou Berlin : "Il n'y a que des touristes au centre-ville, les vrais romains n'y vont jamais", nous soufflent les locaux. Et on comprend pourquoi : du Colisée au Vatican (tiens, un autre pays), des collines aux fontaines, de place en place (Navone, Capitole, d'Espagne), du Panthéon au Palatin, c'est un fascinant musée à ciel ouvert.

Quant à l'héritage de la renaissance, non seulement il montre la base de nos sociétés contemporaines - un retour aux sources, en somme -, mais le charme de nombreuses cités et leur ambiance unique en font aussi des joyaux d'aujourd'hui. Et c'est essentiellement dans la partie nord de l'Italie que se concentrent les ensembles les plus remarquables : Florence, Venise, Arezzo, Vérone, Bologne, Parme, Milan... la liste est longue.

Le plus grand défaut de ce type de destination ultra-intéressante et ultra-accessible : les touristes.


LES TOURISTES
On ne parle pas de celui qui brave le climat ou la route, avec ses derniers deniers en poche ou un gros budget optimisé, dans l'unique but de s'imbiber, en mode éponge, de chaque seconde, de chaque sensation, de chaque rencontre, pour sa soif personnelle de culture ou pour la transmettre plus tard. Non, pas de celui-ci.

C'est d'un autre voyageur qu'il s'agit. Celui qui est dans un car, incorporé dans un groupe de 50, et forme dans son conglomérat un machin mou qui s'étale sur les places des villes, parle fort, et se prend pour le maître des lieux le temps d'un instant, écoutant religieusement un guide, en se demandant pourquoi, vu qu'il est omniscient : "Je le savais", "J'ai vu le reportage la semaine dernière", "C'est pareil que les photos que Jean-Pierre il a".

Les photos, parlons en ! Il en prend pour n'en faire que des trophées, une preuve de son déplacement, un reçu qui l'autorise à cocher une case sur sa liste "ça, c'est fait", et ne prend le temps ni avant, ni après, d'essayer de saisir l'intensité du lieu, l'authenticité de l'instant. Evidemment, certaines destinations peuvent se faire difficilement en se passant de l'organisé, et certains groupes -suppose-t on- peuvent être intéressants. Surtout les plus petits.

Mais il est amusant parfois de tendre l'oreille, en se faisant lâchement passer pour des voyageurs anglophones, et d'écouter leurs commentaires qui oscillent entre émerveillement tardif, lassitude désespérante, et naïveté touchante. Et en plein milieu de la Cappadoce (oui, un voyage ultérieur) d'entendre :

- "Yvonne, dis à Marcel de mettre ses chaussures, et descendez du bus, regardez comme c'est mignon."
- "'té, il ne peut pas, il a mal au pied peuchère. Mais c'est pas grave, on verra les photos à la maison".

Tout ça pour 20 minutes "d'excursion" au milieu du "tour", le temps d'un clic-clac Kodak c'est dans la boîte, pour au final repartir sans savoir très bien ce qu'il a vu, ni vraiment pourquoi. "Le voyageur voit ce qu'il voit ; le touriste voit ce qu'il est venu voir", écrivit Chesterton. Anéfé.

REVENONS EN ITALIE
Et pour fuir un peu ces encombrants compatriotes (même si les touristes français ne sont pas les plus irrespectueux), il n'y a rien de mieux que la tranquillité de la nature [ceci est une transition]. Et les campagnes italiennes offrent leur lot de petits paradis. Au nord, le lac de Côme, qui outre le fait de nous téléporter sur Naboo (photo), est un cadre au charme fou, et touchera même l'âme des moins romantiques d'entre vous. Plus à l'Est, les Dolomites, inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO, et qui ne l'ont pas volé : un des plus beaux reliefs du monde, et c'est un coup de cœur.

Et si le sud nous a moins enchantés, la côte Amalfitaine, l'Appenin méridional, ou la Sicile entourant l'Etna restent d'excellents souvenirs. Après, nous n'avons pas été plus loin dans notre exploration des îles éoliennes qui valent paraît-il leur pesant de pizza.

Il ne manque que Natalie Portman.

LES 10 MEILLEURS COINS D'ITALIE (intégrant les visites ultérieures) 
  1. Rome, pour les raisons citées plus haut. Et nos deux endroits favoris : la basilique St Pierre et le forum romain (photo 1).
  2. Florence, une de nos villes préférées en Europe, tant pour sa richesse culturelle, la qualité de ses musées, la beauté de son architecture et l'organisation urbaine, que pour l'ambiance si plaisante et bien vivante qu'elle offre.
  3. Venise. La sérénissime est toujours surpeuplée, mais incontournable quand même. Une ville musée, témoin sidérant d'un parcours unique (photo 2).
  4. Les Dolomites de Cortina au Monte Cristallo (photo 3).
  5. Pompéi. Les vestiges de la cité romaine, dont la lave a paradoxalement sauvé la structure et quelques peintures. Une remontée dans le temps exceptionnelle (photo 4).
  6. Arezzo. La ville a servi de cadre pour La Vie est Belle, et on sait pourquoi : elle a un charme fou et une authenticité unique (photo 5).
  7. Le lac de Côme. De Como à Menaggio ou Bellagio, une route majestueuse, puis une halte paisible et réparatrice. Ça doit être sympa d'y passer sa retraite. Et puis Milan n'est pas loin (Cathédrale, Galerie).
  8. Dans le sud de l'Italie, les Sassi à Matera, et les Trulli d'Alberobello (photo 6). Deux sites exceptionnels à 1 heure l'un de l'autre.
  9. Au sud de Naples, la côte Amalfitaine, puis les ruines grecques de Paestum, et ses 3 temples (Héra, de Cérès et de Poséidon) qui sont dans un état de conservation record (photo 7).
  10. San Gimignano, l'ex-ville aux 75 tours, une des merveilles de la merveilleuse Toscane (photo 8).

 

 

 

 

ET L'ALLEMAGNE, LA SUISSE, LE BENELUX, LE RESTE, QUOI ?
Ce billet se concentrant sur l'Italie (il bénéficiera peut-être plus tard d'une mise à jour), je vais me contenter d'écrire que si le Benelux est le paradis du routard (petit espace + grands points d'intérêts*), l'Allemagne est trop injustement boudée des touristes (mais en un sens... heureusement, non ? :o) ).  En voici, au moins, un top 10.

*Amsterdam, Delft, Arnhem, Bruxelles, Bruges, Anvers, Gand...

LES 10 MEILLEURS COINS D'ALLEMAGNE (Hors Berlin, mais intégrant les visites ultérieures)
  1. La route allemande des Alpes, une des plus belles promenades en Europe. Partant de Salzbourg (en Autriche), elle se termine au lac de Constance, avec en chemin 3 points d'intérêts majeurs, et 3 coups de cœur. Berchtesgaden, d'abord, et le lac de Königssee (photo 1): un paysage fabuleux. Ensuite, Garmisch-Partenkirchen, jolie station de ski, et surtout le proche Zugspitze, plus haut sommet d'Allemagne. Enfin, les châteaux royaux, dont Neuschwanstein est le plus féerique (photo 2).
  2. Goslar, ravissant village inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, et le massif du Harz.
  3. Dresde. La chute de 650 000 bombes en 2 jours, en février 1945. C'est à ça que la reconstruction miraculeuse, toujours en cours, fait face. Mais le résultat est à la hauteur, Dresde est une ville sublime (photo 3).
  4. Munich. L'Altstadt, les pinacothèques, et le Deutsches Museum.
  5. Francfort, ou "Mainhattan", la vaste et sobre capitale financière de l'UE (photo 4).
  6. Erfurt, la capitale de la Thuringe et sa jolie zone piétonne, et plus loin, Eisenach et la forteresse de la Wartburg.
  7. Cologne, et à moins d'une heure : Aachen (Aix-la-Chapelle).
  8. Leipzig, la deuxième ville de Saxe est le phare culturel d'Allemagne. Ne pas louper la tombe de Bach dans l'église Saint Thomas.
  9. Nuremberg. Agréable et animée cité historique, déployant chaque année le plus grand et plus ancien marché de Noël du pays.
  10. Hambourg. La "ville libre et hanséatique" conserve une taille humaine et accessible malgré ses 3,5 millions d'habitants (agglomération incluse).